Elle est rebelle, vagabonde et indépendante, la Loire est libre et ne se laissera pas dicter les règles du jeu. Les vignerons d’Anjou le stipulent fermement sous forme d’avertissement, “Nul n’est censé ignorer la Loire”. Crainte et admirée, respectée et indomptée, elle ne rend pas indifférent.
Voguer sur le fleuve, se faire entraîner sur l’artère vive et tumultueuse pour mieux la comprendre et se sentir libre sur ses eaux. La Loire est une frontière, un bras costaud armé séparant la terre. Une faille hydraulique découpant les rives mettant la distance.
Enfant je me demandais qui vivait de l’autre côté du fleuve, le mystère d’une autre terre, en face, pas si lointaine mais invincible, une rêverie. De l’autre côté, des maisons en vieilles pierres, des vaches paresseuses près des bancs de sable, les fumées de bois brûlés portées par les vents. Ces visions ont entretenu mes songes à vouloir un jour voir de moi même ce qu’il y avait de l’autre côté.
J’ai très vite découvert ce qu’il y avait en face. Pas grand chose. Les vaches seules règnent sur de grandes étendues de verdures. Certainement une meilleure vue sur l’autre rive.
Je me suis rendu compte que le fleuve est un havre de tranquillité tendant à servir de maître en méditation et revêtu d’une beauté époustouflante. ll faut en effet le respecter mais pas tant le craindre que ça. Une fois sur l’eau c’est la contemplation qui prend le dessus.
Des robes colorées se déclinant au travers des saisons, des journées, un nuancier étoffé dessiné sur mesure par un grand couturier pour le monarque des fleuves. Mes yeux ce jour, on dégusté la grandeur du monde, une beauté irréelle dans un calme angoissant ponctué par des vols d’oiseaux.
Cette journée passant du gris argenté au bleu cristal cédant à de l’ocre doré explosant en mauve rosé. Une déclinaison du nuancier ligérien en une journée invitant à un voyage des couleurs.
Magnifique
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