À la confluence de l’Inn, de l’Ilz et du Danube, à Passau, une voie fluviale s’ouvre dans le creux de falaises forestières, de fjords sauvages peuplés de conifères, d’exhalaisons de bois vert.
À Inzell, plus de bruit, pas de route, alors que la rumeur du jour tombe paisiblement, seul un castor surgit et plonge sans égard, une famille de 66 cygnes suit nonchalamment le fil d’un courant, de mon kayak s’approche un drôle de vison noir.
L’Autriche offre cette immersion dans une Europe au double regard ouest-est. À Linz, elle est belle mais has-been, à Vienne elle est rebelle mais Habsbourg. Dans la vallée de la Wachau, c’est un enchantement d’évoluer au coeur d’un vignoble dépositaire de la mémoire locale, s’échelonnant de l’époque romaine à celle du médiéval. Depuis les hauteurs en ruine de Dürnstein, je me demande si Richard Coeur de Lion, alors prisonnier de la forteresse, se sentait si loin de chez lui… ici, il y a des airs de Loire, et du bon vin blanc, la vie y est belle et semble douce. Seul le Grüner Veltliner se substitue au chenin blanc, seuls les étendues de galets ronds à nos plages oblongues.
Et aujourd’hui Vienne européenne semble être un dernier rempart avant une plongée dans l’est infini.



Après une visite à la famille de vignerons Sepp Moser, dont les vignes sont en biodynamie, je garde en bouche le goût de l’or frais du trésor de la Wachau. Le club local d’aviron de Krems-an-der-Donau m’aura fait un bon accueil et permis d’y laisser reposer quelques heures le Narak. A Vienne je retrouve mon copain d’enfance Sébastien et reste 24 heures dans cette première grande capitale située sur le fleuve.





