Maitre du Caucase :
Les veines volcaniques lourdes descendent et creusent les cavités des flancs rocheux, usées, leurs âges ne comptent plus, intemporelles, c’est les sommets de l’éternité. Immortel autel des dieux.
C’est la frontière entre l’acceptabilité de l’homme et l’hospitalité de la montagne, au delà il ne dépend plus de suivre les règles de bienséance, la bienveillance du Kazbeg à des limites.
Bouleversé par une contrée désolée, subjugué par sa puissance inébranlable le Caucase n’est pas à domestiquer. On tentera une approche pour l’apprivoiser, peut-être vous laissera t’-il grimper son col, peut-être vous invitera t’-il a regagner le sol.
J’ai attendu la dernière semaine de mon voyage pour accéder au pied du mont Kazbeg, l’emblématique et légendaire sommet de Géorgie. Un bon nombre de voyageurs s’y rendent en été, beaucoup d’amis me l’avait décrit. Si tu ne vois pas le mont, tu n’as pas vraiment été en Géorgie.
Par défiance, j’avais du retarder mon trajet jusqu’à lui. Aussi par optimisme, le sommet n’a pas bouger d’un iota depuis les millions d’année, il m’attendra.
J’y viens finalement en octobre, les premières neiges sont elles aussi arrivées.
L’endroit austère, dur, n’en est pas moins une source lumineuse de grandeur, d’humilité. On ne peut se sentir que petit face à un monstre de roche et glace. La grandeur.
Ce n’est pas l’endroit qui me marquera le plus en Géorgie, mais à la frontière avec la Russie, et effleurant le ciel, on ne peut qu’être touché par une mélancolie de béatitude, un mal des montagnes.